La Cour extérieure

-Pibibibi Pibibibi Pibibibi Pibibibi…

-Gueuh…

La couette remua alors qu’un grognement sourd se faisait entendre dessous.

-Pibibibi Pibibibi Pibibibi Pibibibi…

La sonnerie stridente repris. Cette fois c’est une main qui sortie et qui vint s’abattre sur le pauvre réveil qui ne faisait que son travail, suivit de peu par une tête aux cheveux emmêlés et à l’air agar. Il était…

-6h… Pipi…

Un jeune homme, vêtu d’un caleçon et d’un T-shirt trop large, sortit paresseusement de son lit puis de sa chambre, traversa le couloir et entra dans la salle de bain dont la lumière trop blanche et vive lui agressa les yeux. Quand il eu trouvé ses repaires il verrouilla la porte et souleva la cuvette des toilettes pour se soulager avec un soupir de contentement, puis se tourna vers le grand miroir, saisit sa brosse à dent, la reposa, revint vers les toilettes et tira la chasse en rabattant la cuvette pour retourner à sa brosse à dent. Après un brossage lent mais sérieux, il cracha dans l‘évier, se rinça la bouche et passa de l’eau sur son visage. La brosse à dent fut posée négligemment dans un verre, la brosse gagnant les faveurs du jeune homme. Là, contrairement aux dents, le brossage fut plus énergétique, ponctué de :

-Saloperie de nœuds…

…des plus charmant et de quelques grognements de douleurs. Quand le garçon estima qu’il avait quelque chose de convenable sur la tête, il fila sous la douche, qu’il prit rapidement mais en ne négligeant rien et ressortit peigner à nouveau ses cheveux qui s’étaient ré emmêlés. Il s’appuya contre le rebord du lavabo et se regarda avec beaucoup de sérieux. Un hochement de tête appréciateur suivit un sourire et il fila dans sa chambre prendre son uniforme avant de revenir dans la salle de bain, ses vêtements impeccablement plié sous le bras. Rapidement changé, il ouvrit un petit coffret qu’il avait amené avec son uniforme.

-Mmmh qu’est ce que je vais mettre aujourd’hui ?...

*BOM*

Un cognement sourd interrompit le fils de ses pensées, une voix stridente prenant le relais au coup contre la porte.

-TAKESHI OTSUMOKO, LIBEREZ LA SALLE DE BAIN IMMEDIATEMENT, JE DOIS ME PREPARER !

-On le fera savoir ! répondit il insolemment à sa belle mère qui tambourinait contre la porte.

D’accord il mettait « un peu » de temps à se préparer, mais pas de quoi fouetter un chat…En plus la façon qu’avait la Sorcière, comme il l’appelait, à le vouvoyer quand elle était en rogne le mettait en liesse, une bonne raison de se lever avant elle le matin.

-J’en étais donc aux bijoux. Or ou argent ?

La question était cruelle ; l’or ou l’argent ? Les deux lui allaient si bien… Finalement il fit la ploum et il en ressortit que ce serait or aujourd’hui. Takeshi enfila un collier, un bracelet et une bague, ses préférés et desserra sa cravate, ouvrit le haut de sa chemise sur son torse pâle et laissa son veston totalement déboutonné. Voila, il était presque prêt, ne manquait que la touche finale : la montre qu’il enfila et ses cheveux qu’il attacha en queue de cheval serré, laissant retomber sa frange sur son visage.
Maintenant tout à fait prêt, il déverrouilla la porte derrière laquelle sa belle mère fulminait, évita une tape sur la tête tout sauf affectueuse et fila dans sa chambre. Chambre dans laquelle il ne s’attarda pas, récupérant simplement son sac. Maintenant la question du matin : Est-ce que sa sœur était levé ?

Apparemment non puisqu’il passaient tout les deux à la salle de bain avant la Sorcière pour la faire enrager et que celle-ci y était actuellement, chantant (faux) sous la douche. A lui donc de la réveiller…
Il entra dans la chambre de sa jumelle sans autre forme de procès, ouvrit les rideaux, arracha la couette au lit et ressortit en coup de vent pour ne rien se prendre de pointu ou lourd. Il revint sur ses pas jusqu’à l’embrassure de la porte et cria :

-J’t vais, si tu veux me rattraper va falloir te bouger, sinon je t’attend dans la cour du collège !

Takeshi descendit en sifflotant les escaliers, passa dans la cuisine pour attraper une tartine qu’il enfourna dans sa bouche sous les yeux de son père, médusé qu’il ne s’étouffe pas alors qu’il bredouillé un :

-Gnalu ‘a !

… tout à fait gracieux. Remettant correctement son sac sur son épaule il sortit en trombe, claquant la porte derrière lui.
Voila, après un brin de marche il serait au collège de Shiroiwa qu’il fréquentait pour sa dernière année, dans la même classe que sa sœur, le pied totale pour eux, mais pas pour leurs professeurs.

Il était à mis chemin et marchait le nez en l’air, ne portant son attention que sur les quelques boutiques en train d’ouvrir quand quelque chose attira son attention, il fit trois pas en arrières, et colla son nez contre la vitre, un grand sourire fleurissant sur son visage. Sous ses yeux, un Ipod et ses enceintes à seulement 7000 Y ! Dés que ça sonnerait il se précipiterait ici et à lui l’occasion !! Enfin si il s’en rappelait ce soir…
Finalement la journée commençait très bien !
C’est donc tout sourire que le jeune garçon finit le trajet et entra dans la Cour Extérieure de son collège pour aller se caler sur un banc, libre à cette heure puisqu’il n’y avait pas encore grand monde, en attendant sa jumelle qui ne devrait plus tarder maintenant.

Imashi fut réveillée, non pas par son réveil qu'elle avait complètement oublié de programmer comme souvent, mais par sa chère pouffiasse de belle-mère, passez-moi l'expression, qui hurlait à son frère pour le faire se dépêcher. Bon, ça c'était habituel, elle était dans les temps. Encore complètement ensommeillée, Imashi décida de traîner encore un peu. Se lever d'un coup, c'était pas son truc, il fallait toujours qu'elle flâne un bon moment avant de vraiment être réveillée.

Son cher jumeau le savait parfaitement. Normalement. Non, elle savait qu'il le savait, ce qui ne l'empêcha pas de lui arracher sa couette et d'ouvrir les rideaux. Heureusement, il était tôt et la lumière du jour ne l'éblouit pas trop. Elle tâtonna les bords de son futon pour essayer de trouver quelque chose à balancer sur son frère. Elle ne réussit à attraper qu'une brosse, elle n'avait d'ailleurs pas la moindre idée de ce que celle-ci faisait ici, mais elle ne se posa pas réellement la question en cet instant précis, elle se contenta de la lancer mollement en direction de Takeshi. Qui était déjà sorti, ceci dit.

Elle s'extirpa mollement de son lit. Elle se prit les pieds dans la couette qui traînait par terre et manqua s'étaler sur le sol. L'eau qui coulait l'informa que la marâtre était en train de se doucher. Son frérot venait de partir, elle décida donc d'aller avant tout déjeuner. Adressant un vague bonjour à son père en train de manger, elle lui colla une bise sur la joue et saisit une pomme qu'elle dévora rapidement, restant debout. Elle envoya le trognon dans la poubelle, remonta les escaliers quatre à quatre, maintenant parfaitement réveillée. L'autre cruche était toujours sous la douche. Eh bien, tant pis pour elle.

Imashi repassa dans sa chambre où elle récupéra la brosse qui traînait par terre, remit vaguement la couette sur son lit et récupéra son uniforme. Et ses éternels bijoux : un lien de cuir qu'elle portait en bracelet, une discrète chaîne au bout de laquelle pendait un chaton, et quelques épingles à nourrice. Comme d'habitude, et comme elle s'y attendait, sa belle-mère avait... oublié de verrouiller la porte. Elle entra donc dans la pièce, complètement inattentive au cri d'hystérie que poussa la femme. Elle se retint de rire. Elle savait que Sachiko serait incapable de la mettre dehors. Elle se changea donc rapidement, se brossa les dents et les cheveux qu'elle agrémenta d'un serre-tête portant un noeud de velours noir. Qu'elle avait oublié ici. Elle se maquilla discrètement : elle était passée maître en l'art de se maquiller sans que personne ne s'en rende compte. Elle noua son ruban de cuir, passa son collier autour de son cou et piqua les épingles dans ses oreilles (percées, évidemment) et dans la cravate de son uniforme.

Indifférente aux récriminations de Sachiko, elle finit donc par sortir. Elle récupéra dans sa chambre sa besace qu'elle passa à son épaule. Elle allait finir par être à la bourre, mais elle marchait vite alors ça irait. Elle redescendit, enfila ses chaussures et sortit.

Le temps était assez doux pour la saison. Sans prêter trop attention à ce qui se passait autour d'elle, elle accomplit le trajet vers le collège, qu'elle connaissait bien sûr par coeur, cela faisait plusieurs années qu'elle l'effectuait presque chaque jour. Et c'était la même année. A cette idée, elle sourit aux anges. C'était pas qu'elle l'aimait pas mais... Bon, voilà quoi. Le collège était maintenant en vue, elle se dirigea d'office vers la cour. Son frère assis sur un banc tournait le dos à la direction d'où elle venait. Elle alla donc vers lui assez silencieusement et lui passa les mains autour du cou, faisant mine de l'étrangler.

" Alors frérot, on m'attend plus maintenant ? Va falloir changer ces mauvaises habitudes ! "

Elle avait adopté un ton faussement sévère, mais qui camouflait une furieuse envie de rire. Elle adorait engueuler son jumeau.

Takeshi sourit. Comme il l’avait prévus sa sœur ne tarda pas à arriver et elle lui enserra le cou de ses petites mains. Tiens, d’habitude elle utilisait sa cravate pour l’étrangler… Qu’allait il pouvoir lui dire comme vacherie ?

-Ben tu vois j’ai cru que tu étais partit avant moi parce que quand je suis entré dans ta chambre la seule chose que j’ai trouvé c’est un cadavre caché sous une couette, l’odeur m’a d’ailleurs confirmé qu’il était là depuis plusieurs semaines au bas mot… Quand tu assassines quelqu’un, évite de cacher le corps dans ta chambre, ça finit par se sentir.

Biens sur il était, comment dire ça… dégueulasse ?... Mais bon, sa frangine avait l’habitude et elle ne le prenait pas au sérieux. Il avança de manière à retirer son cou des mains de sa jumelle et partit en courant et en riant, laissant son sac sur le banc.

*Ne pas se retourner, ne surtout pas se retourner*

Sa sœur était une flèche et si elle le rattrapait, il n’assisterait pas au prochain cours… ni à tout ce de la fin de l’année avec un peu de chance. Enfin bon, il tenait à ses fesses alors il courrait, là il en était à la moitié de la cour quand il s’autorisa un coup d’œil en arrière. Sa sœur allait elle lui courir après pour le castrer ou passerait elle outre ?

Elle éclata de son rire sonore et cristallin. Se faire traiter de cadavre de la part de son frère n'était pas une trop grande insulte, elle le savait nécrophile. Non en fait pas du tout. Mais bon, elle l'adorait après tout. Et elle savait que c'était réciproque. N'empêche qu'elle n'allait pas laisser passer ce réveil violent comme ça.

Elle partit donc en sprint en direction de son frère. La cour commençait à se remplir et voir ces deux troisièmes se courir après comme des gamins pouvait paraître assez puéril. Mais franchement, elle n'en avait rien à foutre. Elle finit donc par se jeter sur son frère qui se retournait. Il partit en arrière, ils manquèrent d'ailleurs s'étaler tous les deux.

Elle finit par le lâcher, morte de rire. Elle arrangea ses vêtements qui s'étaient plus ou moins chiffonnés dans la "bagarre". Un immense sourire aux lèvres, elle se dirigea vers le banc où leurs sacs étaient restés et récupéra les deux. Elle balança celui de son frère à son propriétaire, qui le reçut dans le ventre. Son ton se fit menaçant, enfin... apparemment.

" Je te laisse ton intégrité pour cette fois mais la prochaine fois... Tu t'en sortiras pas à si bon compte ! "

En effet elle l’avait suivit, et se retourner fut sa principale erreur puisqu’elle lui fut fatale. Il se prit sa sœur de plein fouet et faillit se casser la gu… la figure mais en brave soldat qu’il était il se rattrapa et resta sur ses deux pattes. A vrai dire c’était surtout la perspective de s’étaler devant tout le monde et de ruiner sa classe naturelle, qui en avait prit un sérieux coup avec la course poursuite, qui l’avait maintenu droit. Il avait été pris d’un fou rire en se faisant heurter mais celui-ci s’éteignit aussi vite qu’il été venue quand sa « tendre » soeurette lui balança son sac dans le ventre.

-Aouch ! J’crois qu’tu l’as eu ta vengeance là…

Son sourire ne dégrossit pas pour autant et il enfila le sac sur ses épaules, soulevant ses longs cheveux pour ne pas les coincer bêtement. Une fois cela fait il se tourna dos à sa sœur et se pencha un peu, lui présentant son dos et les bras en arrière.

-Allez tu monte ? On va balader.

Bon, tout le monde allaient croire qu’ils venaient droit du jardin d’enfant mais il s’en foutait, c’était pas parce qu’ils étaient au collège qu’il allait arrêter de porter sa sœur !

Elle renfila son sac à son épaule. Un immense sourire aux lèvres, elle sauta sur le dos de son frère, sans faire attention à sa petite jupe qui dévoila largement ses cuisses. Elle avait l'habitude et ce n'était pas pour la gêner. Elle serra ses bras autour du cou de Takeshi, prenant garde à ne pas l'étrangler quand même. Elle avait beau le détester, enfin faire semblant, elle ne voulait pas le tuer. D'abord pour cacher le corps ça serait pas pratique. XD

Elle se laissa donc porter, renversant la tête en arrière, les cheveux flottant au vent. Son frérot avait beau être un peu... gringalet, elle était suffisamment légère pour qu'il puisse la porter sans difficultés. Surtout sur son dos. Elle lui flanqua un coup de talon, comme à un cheval.

" Alors, on va où ? "

Elle avait eu beau s'être levée en retard, ils n'étaient pas du tout à la bourre et il leur restait un bon quart d'heure avant le début des cours. De toute manière, ils n'étaient pas obligés d'y aller. Enfin en théorie si... Mais en théorie seulement. Elle s'installa plus confortablement sur le dos de son frère. Ses jambes écartées renvoyaient en arrière sa jupe qui ne cachait plus rien du tout. Mais ça n'avait aucune importance, absolument.

Ca pouvait peut-être bizarre, de voir deux troisièmes donc parmi les plus grands du collège... se porter dans la cour. Mais ils avaient l'habitude. Ils avaient bien heureusement gardé leur âme d'enfant. Et puis après tout, le ridicule ne tue pas, n'est-ce pas ? Sinon elle serait sans doute morte et enterrée depuis longtemps.

Sa sœur ne pesant pas bien lourd, Takeshi n’eu aucun mal à la soulever et à la caler confortablement sur son dos. Ah ! La question qui tuait ; on va où ?

-Eh ben… Si on sèche on peut aller se planquer dans les salles vides à cette heure. Comme la salle de musique par exemple.

Il commença à marcher en direction de l’entrée du bâtiment, sous le regard médusé de certains élèves qui les fixés en rougissants. Il baissa les yeux et vit la cause de cette réaction.

-On voit ta culotte chérie… Ah ! et faut pas qu’on oublie qu’on a théâtre ce soir, va falloir répéter dur, on est pas loin de la fin de l’année.

Maintenant devant un escalier, le jeune homme le gravit sans trop de difficulté, ne faisant pas attention au professeur resté figé sur les trois premières marches. Une fois l’escalier monté il tourna à droite, en direction de la salle ou ils seraient à peu prêt tranquille.

Elle pouffa. Elle savait très bien ce dont il l'avait informée. Elle jeta un regard sur le prof qui fixait ses jambes, pétrifié. Bah quoi, c'était pas si moche que ça, pourquoi le cacher ? Enfin, ça ne la gênait pas du tout. Elle avait déjà fait pire, franchement. Et puis elle adorait choquer après tout.

Ne pas aller en cours lui disait bien. Ca ne serait pas la première fois après tout. Loin de là. Et elle aimait bien l'atmosphère de la salle de musique, très souvent vide... Il devait y avoir un club de musique dans l'école, elle ne savait plus très bien.

" Je sais... T'inquiète, je sais mon texte. "

Elle avait beau être complètement irresponsable et déraisonnable, elle avait tout de même appris son texte. Le théâtre, elle adorait ça. Et elle n'était pas trop mauvaise, du moins l'espérait-elle. En tout cas, mauvaise ou pas, en plus elle aimait bien son rôle qui lui ressemblait pas mal.

Tiens, ça leur faisait une autre excuse pour sécher : les révisions du texte. Le théâtre était beaucoup plus important que les cours. Du moins à ses yeux, parce que pour les profs ce n'était sans doute pas le cas. Mais franchement, les profs, elle s'en foutait.

" C'est parti alors ! Fouette cocher ! "

Takeshi continuait à avancé quand il s’arrêta, poussa un soupir d’agacement et fit demi tour. Avant que sa sœur n’ait pu pester il prit la parole.

-Je sais, on est censé séché mais aujourd’hui on a un contrôle en vue des examens de fin d’année je te rappel, donc on peut pas sécher le matin, on le fera cet aprèm…

Il était un peu déçu de ne pas pouvoir compléter sa nuit mais même si il n’aimait pas les cours il n’oubliais pas ses examens. La sonnerie de la cloche retentit et il pressa le pas, trottinent pour arriver à temps. Il tourna au virage, la salle était au bout du couloir.

>> Les cours <<